Roger Martin du Gard Le Lieutenant-Colonel de Maumort Le Lieutenant-Colonel de Maumort est sans nul doute l'oeuvre la plus achevée, la plus approfondie sur l'homosexualité, d'un auteur considéré comme le précurseur du roman moderne, et qui connut avec Les Thibault une renommée mondiale, et se vit attribuer, en 1937, le prix Nobel de littérature. Roger Martin du Gard fut beaucoup influencé par le discours scientifique emprunté à Freud, et ne put prendre le recul nécessaire lors de la parution du rapport Kinsey en 1948, Le comportement sexuel du mâle américain , qui dévoilait que la moitié de la population n'était pas exclusivement hétérosexuelle. C'est André Gide qui lui apprit l'existence de ce rapport, et qui influença ou conforta Martin dans la poursuite de son ouvrage, et notamment des chapitres sur les rapports entretenus par Maumort et son cousin, Guy, et la promiscuité sexuelle régnant dans l'internat où Maumort poursuivait ses études. C'est une vision dualiste de l'homosexualité que Martin dévoile dans son oeuvre. D'abord une homosexualité adolescente, spontanée, instinctive, voire quasi-médicalisée si l'on se réfère aux descriptions utilisées. Il décrit cette homosexualité, la tolère, mais en montrant aussi ses réticences, et en la délimitant à une période de la vie. Homosexualité-étape, elle est autorisée et excusée par la non-mixité, les rigueurs de l'éducation et les promiscuités du dortoir. Et puis une homosexualité adulte, mûrie, et sentimentale. Il est frappant de constater à quel point l'auteur a manqué de courage, en créant un personnage, Xavier de Balcourt, précepteur de Maumort et qui se suicida à la suite de l'épisode de | |
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