Le nouveau cinéma danois actuel Lars von Trier puis le phénomène Dogma ont tour à tour éveillé et titillé la curiosité des cinéphiles sur cette cinématographie qui, à l'instar de celle d'un pays comme la Suède, ne nous était surtout connue que par l'entremise d'un grand nom : pour la Suède, bien sûr Ingmar Bergman, pour le Danemark, Carl Theodor Dreyer, grand cinéaste des années 30, 40 et 50. Bien sûr, le Danemark n'a pas la taille ni la réputation de cinématographies comme celles de l'Italie, de l'Espagne ou de l'Allemagne. Fort de l'onde de choc des films de von Trier et du coup de poing esthétique de Dogma, le cinéma danois atteint actuellement un bel air d'aller et un nouveau dynamisme qui le repositionne dans le peloton de tête des cinématographies nationales. Portrait d'une petite cinématographie en grande forme qui profite allègrement du souffle d'un grand réalisateur : Festen (Fête de famille, Celebration) , Thomas Vinterberg Le film qui a révélé l'esthétique Dogma au monde entier, et le premier à avoir reçu le sceau d'authenticité du groupe. Croisement surprenant entre le cinéma de von Trier et Ingmar Bergman, Festen , plus qu'une curiosité esthétique et un trip intellectuel, est un véritable film d'auteur qui dérange et qui frappe très fort. Le sujet du film - l'inceste - est traité sous toutes ses coutures, révélateur des contradictions, de mensonges et de l'incroyable hypocrisie d'une belle société qui cache sous son beau vernis distingué une horreur sans nom. Le traitement, qui applique à la lettre le voeu de chasteté exigé par Dogma, n'est pas tendre envers le spectateur : caméra nerveuse, sautillante, souvent frénétique et épuisante, au style amateur volontaire et même très travaillé, éclairage le plus souvent déficient (aucun éclairage artificiel), image granuleuse et souvent floue (résultat du transfert de l'image vidéo au format 35mm), cadrage instable sinon incohérent. Résultat ? Une atmosphère unique et inimitable, une urgence et une énergie incroyables, tout cela ajouté à une interprétation foudroyante, un climat anarchique plein d'authenticité et surtout une charge impitoyable contre la figure paternelle. | |
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